Je rame, comme tout le monde. Oui, tout le monde rame ! Pour chacun, les raisons sont autres. Moi, je rame parce que, depuis toute petite, je suis en proie à une très forte anxiété, et ceci sans arrêt. Le monde médical ne s’en étonne pas, ne s’en effraie pas, mais mesure la douleur et s’émerveille de ma capacité de résilience.

J’ai cru longtemps que j’en sortirais et qu’ainsi je m’en sortirais, à grand frais certes. Je n’ai pas lésiné quant à la dépense, ni au sens propre ni au sens figuré. J’ai finalement compris que je ne sortirai jamais de l’angoisse et que c’est justement en prenant acte de ceci que je m’en sortirai, que c’est justement en prenant acte de ceci que je m’en sors, et même bien !

Au cas où cela servirait à quelqu’un, je mets ici mon journal à disposition. C’est un ″état des recherches″ au fil des semaines, avec, dans l’angoisse qui m’étreint, élans, trouvailles, ratages et victoires.C’est aussi un témoignage : si Evelyne, si peu douée pour le bonheur, a une belle vie, alors …. Alors ? Hé bien, tous les espoirs, pour chacun, sont permis.

Le lecteur rira souvent. Le cas échéant, il choisira, ici ou là, à partir de ce qu’il aura lu, d’inventer sa façon à lui, tout à fait personnelle, pour ses propres combats, sans doute autres.

03/03/2023

C’est rigolo comme ceux qui disent ne pas être « angoissés de nature » le sont, en ont les signes évidents et ne les perçoivent pas. Mais c’est rigolo quelques minutes seulement. Etre témoin de cela, avec le gâchis qui en résulte est si terrible …. 

02/03/2023

Hier, en oncologie, l’interprétation des résultats sanguins et l’examen médical disaient la situation stable. Ouf ! Bon. 

20/02/2023

Je titubais d’angoisse ? Oui,  et alors ? 

14/02/2023

Résultat de l’examen médical : bon. Et après ? J’ai cinq atouts pour cet après. 

12/02/2023

Cela fait deux fois en deux semaines que, confrontée à un examen médical pour lequel les médecins sont visiblement, même s’ils essaient de calmer le jeu, sur le qui-vive, j’ai, dans l’angoisse  inévitable, la même stratégie inopportune, inconsciente, dont et eux et moi pouvons sourire, sans superbe de leur côté, sans ridicule du mien. 

02/02/2023

Un poète a parlé de « la joie des matins neufs ». Je m’y applique depuis plus de quarante ans chaque jour, n’y suis pour le moment pas parvenue. 

30/01/2023

Au fond, j’ai à faire ″soins palliatifs″ pour moi-même. Je le fais consciemment depuis quelques temps.

29/01/2023

Le socle, c’est, pour moi : ne pas me condamner à vivre !!! Autrement dit, c’est de ne pas m’accrocher au vouloir à tout prix vivre. J’ai à mettre mon énergie ailleurs.

22/01/2023

La seule façon, pour moi, de ne pas angoisser devant le risque, c’est de le prendre. 

15/01/2023

Il est, pour moi, reçu du christianisme, ce geste qui me glorifie sans que je demande rien : faire le signe de croix sur moi, m’enveloppant en lui, grand drapé, de beau tombé. 

01/01/2023

Je vis en ce temps de fêtes où les soins sont inaccessibles une expérience formatrice devenue à mes yeux bien étrange.

14/12/2022

A lire les livres techniques et suivre les formations, je découvre éberluée que non seulement, alors que ce fut, et de façon gravissime, dans mon passé de 16 à 35 ans :

04/12/2022

Je suis sur le qui vive à mon égard et ce n’est pas inutile, pour bien des raisons. L’humain est toujours fragile.

26/11/2022

Je lis, depuis novembre, beaucoup de livres techniques sur angoisse et dépression – qui font souvent l’une le lit de l’autre et inversement -, des livres de psychiatres et de neurologues, de comportementalistes et de psychanalystes, de toutes écoles et tendances, voire de tous continents.

24/11/2022

Je me disais : « Ne les supprimera pas ». Oui, et ce n’est pas un drame puisqu’il paraît, si j’en crois les ouvrages de psychiatrie, que ne pas éprouver peur, angoisse, anxiété est gravissime !!! Je sais, de fait, que je n’aurais pas, sans elles, les possibilités d’empathies dont j’ai la chance de disposer.

23/11/2022

J’observe les allées et venues de l’angoisse, par vagues sur fond constant d’anxiété.

22/11/2022

Oui, à observer, réfléchir, interroger, lire des ouvrages techniques de tous bords, je découvre déjà, beaucoup, et découvre que c’est passionnant.

21/11/2022

Quand le cœur – bien suivi en cardiologie- s’emballe à cause de l’anxiété, je me dis que mon corps est élastique et que tout se remettra en place tout à l’heure.

20/11/2022

Ne pas fuir, ne pas chasser, ne surtout pas maudire l’angoisse.

19/11/2022

Quand l’angoisse se présente de façon plus nette, il m’est profitable de rentrer, voire de plonge, en elle, pour descendre descendre descendre encore, jusqu’au au fond, y chercher ce qu’elle signale.

Il y a au fond, caché dans une gangue et donc à extraire, une perle de grande beauté.

18/11/2022

L’angoisse, toujours là, sourde, prend les commandes à chaque fois que je me déserte, que je n’exerce pas le « Je suis » christique, souverain.

17/11/2022

Pour moi ce matin, juste après bref affleurement de tachycardie, il y a ceci, de bien clair pour moi.

16/11/2022

Quand je flirtais avec la mort, entre 24 et 35 ans, au temps de la confrontation maximale avec ma détresse réactivée par le travail psychanalytique de veine lacanienne, donc sur fond de grand silence, en proie à de très fortes crises d’angoisses, je prenais beaucoup d’anxiolytiques.

16/11/2022

Je suis au carrefour de tous les vents : du stress, de l’appréhension, de l’inquiétude, de la peur - la grande peur, l’antique peur, la peur nouvelle - de l’angoisse, de l’anxiété, de la crainte, de l’effroi. Oui.

15/11/2022

La dernière vague d’angoisse massive venue en surplomb de mon anxiété chronique, je ressens après coup combien elle fut envahissante.

14/11/2022

Je me bouscule souvent : « Sois plus reconnaissante ! »

Mais quand je n’y arrive pas, je vois aujourd’hui que ce n’est vraiment pas de l’ingratitude :

13/11/2022

L’angoisse - je dis bien : chez moi ! - est à son apogée au matin une à deux heures après le réveil, précédée par la tristesse d’être en vie, elle-même secouée, pour l’élégance et par élégance, en décision de vie et d’amour, charnel, de la vie.

10/11/2022

L’essentiel est pour moi le « pour quoi ? », plus exactement un « pour quoi ? », un « pour quoi ? » de qualité.

09/11/2022

Parmi les stratégies que j’ai à adopter en continent d’angoisse pour n’y être pas engloutie, il y a évidemment l’observation :

08/11/2022

Ou j’ai le confort, ou j’ai une belle vie. Pour moi-même, les deux ne sont pas compatibles. Je choisis la vie belle, donc prends acte de l’inconfort, l’assume et l’assumerai. A chaque fois que je retourne ainsi à ce que je veux, l’angoisse est moins forte.

07/11/2022

Je me lance dans du nouveau. Alors j’ai peur.

J’ai peur mais au fond de moi je sens que c’est juste, que je fais bien.

Alors je fonce en dépit de ma peur. Je fonce au travers de ma peur et vais !

03/11/2022

Je suis d’une sensibilité que la souffrance a prodigieusement affinée. C’est douloureux à vivre, parce que non seulement toute méchanceté mais toute gentillesse trop appuyée font très mal.

02/11/2022

Je rame, oui. Mais ce n’est pas la catastrophe. Si je rame, cela veut dire que je ne coule pas !!! En avant !

01/11/2022

Je le disais, je rame. Alors j’ai décidé d’explorer le continent, inconnu toujours, de l’angoisse, ceci en bon capitaine de Pourquoi pas ? !

Le continent n’est pas forcément lumineux. Mais ne suis-je pas d’ascendance Viking ?