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02/03/2023

Hier, en oncologie, l’interprétation des résultats sanguins et l’examen médical disaient la situation stable. Ouf ! Bon. 

J’ai été très attentive à mes réactions immédiates. Il y a eu le soulagement, massif. Il y a eu l’émerveillement devant l’attitude du médecin,  émerveillement qui demeure : du très précieux, en  temps accordé, réponses ne biaisant pas, engagement personnel. Il y a eu la conscience nette d’avoir, une fois de plus, reçu là des mots de passe, qu’il me revient de mettre en œuvre. 

Ensuite, ce furent les premiers contrecoups du stress, à la fois agréables et désagréables, ou plus exactement d’abord agréables, puis désagréables, plus tard encore inconfortables, et finalement tellement pénibles qu’il y a de quoi déprimer ou craindre. Observer ces phases m’a été utile, pour quatre raisons au moins. 

  1. C’était dans l’immédiat moins subir, un peu reprendre la main sur le cours des choses qui vous ballottent. Le procédé réduit l’angoisse sur le moment même, sans rien refouler. Sain !
  2. C’était me doter du savoir que peut procurer l’expérience, si elle est relue, correctement relue. Utile ! Désormais, je verrai mieux venir les fragilités du contrecoup. 
  3. C’était, pour demain, m’apprivoiser à quelque chose de structurel. Quand on connaît, on a moins peur de la peur. Plus confortable !
  4. C’était, toujours pour demain, à partir de ce savoir, théorique bien que vécu, m’équiper concrètement : plus consciente des enjeux, je pourrai mieux anticiper et mettre en place des aménagements intelligents, la prochaine fois. 

Tout cela ne m’évitera pas le tsunami du contrecoup, inévitable, mais contribuera à me le rendre plus supportable. 

Les premiers contrecoups du stress se sont succédés en cascade tout au long de la journée : ivresse, fatigue, une certaine hébétude, l’envie non de manger mais de ″bouffer″, le besoin d’un moment de solitude, le goût de plus rien, l’élan vers les autres, et de nouveau une immense fatigue et plus de goût ni pour l’action, ni pour la contemplation.   

Heureusement que j’ai respecté cela à chaque étape, tantôt concédant, tantôt résistant. J’ai su alterner isolement et recherche de la présence des autres. J’ai, quand j’en ressentais le besoin, demandé son aide à autrui, selon ce qui m’était nécessaire à ce moment-là, autre à chaque pas. J’ai dit tout simplement ma joie et aussi, plus énigmatique  - tant pis ! -  ma difficulté dans la joie douloureuse par contraste. Personne ne s’est moqué. Je me suis donné le temps de faire les choses plus lentement. J’ai attendu que reviennent l’élan et l’allant, osant croire en eux, osant croire en moi ! 

Je n’ai rien forcé. J’ai laissé venir, se déclarer, être. Je n’ai pas laissé libre cours pour autant, surtout  pas à mon envie de dévorer. J’ai au contraire mesuré les proportions, pour m’épargner fatigue et dégoût, surtout à son propre égard, ensuite. J’ai été encore plus attentive à me donner du sain, mais très bon, pas quelque chose du style ″repas-médicament″, comme les légumes bons pour la santé que je n’aime pas ! Je me suis beaucoup hydratée, avec des boissons chaudes aimées, au gingembre. 

Mes lectures techniques m’ont aidée à garder patience avec moi : compter huit jours de récupération ! J’ai tenu, en veillant à ne pas m’installer dans cet  état néanmoins. Pour cela, j’ai recouru à l’action dès que possible, une action ciblée, aux résultats aussitôt visibles, qui aide à moins tituber dans le contrecoup du stress intense. D’où ces techniques sportives en milieu ″psy″ : détendre ses muscles, puis les contracter rapidement, à répétition, pour se sentir vivre et avoir quelque sensation d’un certain pouvoir malgré tout. 

Belle expérience, je crois. Angoisse tremplin ! Presque trampoline !

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