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03/11/2022

Je suis d’une sensibilité que la souffrance a prodigieusement affinée. C’est douloureux à vivre, parce que non seulement toute méchanceté mais toute gentillesse trop appuyée font très mal.

C’est magnifique, parce que ma faculté de ressentir me permet une communication quasi angélique avec qui veut se dire, et ceci jusque dans ses silences.

Dans la marine, on appelle les voiliers sensibles des « navires ardents ». Plus le mat est, dans « sa quête » - on appelle ainsi sa capacité d’inclinaison -, sensible, plus le bateau est réactif, recherché pour la finesse et la rapidité des manoeuvres qu’il permet. Le voilier est estimé pour sa sensibilité.

Mon Pourquoi pas ? est un navire ardent. Mon anxiété est une chance. Je ne le sais peut-être pas encore bien mais je le pressens et décide qu’il en sera ainsi.

Je sais cependant que tout va bien à bord d’un navire ardent à condition qu’il soit bien piloté –ce qui me revient et que je continue d’apprendre parce que les mers changent - , mais aussi à condition que le mât soit bien solide. Sinon, il casse, en sa chute, les hauts bancs. Trop ardent, le navire se brise.

Je sais aussi comment a terminé dans l’Histoire le dernier Pourquoi pas ? et comment est mort son capitaine, dont je n’aurais pas l’héroïsme. « Dont je n’aurais pas l’héroïsme » ? De toute façon, je n’opte pas pour cet héroïsme-là, je choisis, modestement encore, le mien. Journal, modestement, d’Evelyne Frank…

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