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05/07/2023

Je veux plus que de l’autonomie, je veux une véritable autarcie, de tous les jours, pour ne rien attendre de personne. Ce n'est pas pour avoir été déçue. Ce n'est ni tristesse ni amertume, encore moins prétention. 

C'est du réalisme : les autres ont généralement et légitimement autre chose à faire que de me voir aux heures, qu'ils ne peuvent pas connaître, où pour moi c'est le plus dur. 

C'est politesse : voici qui m'évite et m'évitera de harceler ou même simplement faire peser sur autrui des attentes insoutenables. C'est respect : je ne chosifie pas l'autre, l'utilisant pour qu'il me distraie. 

C'est de la prudence : je prends là une mesure prophylactique. Je sais beaucoup de retraités, en apparence si heureux, dépressifs... 

C'est de l'intelligence. Je puis ainsi vivre ma singularité sans trop souffrir de la solitude qui en découle, j'assume avec cohérence mes choix ambitieux, me donne les moyens de les mettre en œuvre. 

C'est noblesse. J'ai la dignité de ne pas mendier la présence. Je ne me plaindrai pas de ma vie. J'en fais quelque chose et quelque chose de beau. Cela a de l'allure.

Paradoxalement, cette indépendance me met et me mettra peut-être jusque dans le grand âge en relation avec plein de gens, très intéressants, remarquablement intéressants. 

L'autosuffisance m'est offerte. Il suffit que j'investisse les possibilités magnifiques que me donne mon lieu nouveau.

Sport quotidien dans une association et la résidence, marche, musées gratuits le premier dimanche du mois, concerts d'entrée libre, prière rythmée - et seule, et communautaire, au fond du temple ou de l’église -, café philo, bibliothèques – notamment la Bibliothèque Nationale Universitaire dont les obligations de consultation sur place peuvent être autant de rendez-vous avec un livre de qualité ? Je dois pouvoir vivre en auto-subsistance joyeuse, même avec petit budget. 

Tout heureuse et pleine de courage pour ce que je mets là au point en ma retraite de célibataire, j'en faisais part à une aînée, quand, à ma grande surprise, elle me regarda consternée et dit : « C'est affreux. »

fleur2