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1703/2023

Mon déménagement en résidence senior avance. Je suis environ au milieu du gué, un peu au-delà. C’est un très beau parcours, c’est aussi un exode ! 

 Je peine. Dans mon appartement, j’ai toujours rigoureusement éliminé le superflu. Je triais tous les ans, déterminée, systématique, implacable, chaque tiroir. Ce minimalisme, greffé sur celui des Evangiles - «  Regardez le lys des champs… », m’a préparée. Mais il ne va pas encore assez loin. J’ai, concrètement, trop de choses encore, pour un studio. 

Il y a plus grave : je tiens à trop de choses encore. Mes soucis au sujet d’objets, dont certes je me sers au quotidien mais qui restent secondaires, me donnent à sentir mon manque de liberté intérieure.   

J’en ai honte. Heureusement, je puis le dire à la décoratrice qui m’accompagne. Elle déboulonne la culpabilité, en une phrase, toute brève : « Passer d’un appartement, même petit, à un studio, est difficile ». 

Je fatigue aussi. Heureusement, je parviens à honorer quand même tous mes engagements bénévoles. Cette stabilité m’aide dans les fluctuations du passage. 

Je suis entre deux lieux. Heureusement, selon un choix spirituel bien adéquat, tout à fait efficient, les deux restent toujours propres et beaux, dans un réaménagement perpétuel de chacun, qui me donne d’être toujours dans du superbe. Cela aide ! 

Observant et analysant ma façon de vivre les choses, j’en viens à comprendre ceci. J’ai été gentiment bousculée par la vie à juste titre. Il est bon que m’ait été présentée l’occasion du studio en plein ciel et dans la cité plus tôt que je ne l’envisageais. Deux ans plus tard, je n’aurais plus eu la force, ni spirituelle, ni physique, ni psychique, de ce déménagement. 

Oui, j’avance, je souris, je fais ce qui est à faire. Oui, je suis, en cette démarche, celle que je veux être. Oui, je me donne vraiment à vivre, ainsi, ce que je veux vivre. Et je tiens la distance. N’empêche que parfois…, souvent, tout à coup, de façon incompréhensible – et ridicule ! -, une broutille devient là, devant moi, pour moi, une montagne. 

Ce déménagement de senior est, pour moi, ″limite″… Je comprends que beaucoup le refusent, refusent même d’y penser - ce qui les ronge -, et ne le fassent que contraints - ce qui sera évidemment plus difficile encore. 

Allons, je me reprends ! « Mon déménagement avance ? » Erreur ! C’est mon emménagement qui avance ! Cet exode,  je suis heureuse qu’il soit, en période pascale qui plus est. Je choisis de prendre mon plaisir dans la manne. D’où mon repas de matsot, ces temps - ci,  en guise de pain. Avec bon expresso et noix de cajou ou cacahuètes finement salées cependant !

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