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28/01/2023

Quand j’ai pris la décision de passer de mon appartement Rue des abeilles au studio en Résidence senior, en dépit du ridicule, j’ai suivi l’enfant en moi qui m’invitait à une curieuse démarche. 

Il faisait nuit et les lampes basses diffusaient dans mon petit appartement une douce lumière. Je suis allée de pièce en pièce et j’ai parlé à cet appartement : « Tu sais, je pars mais je ne t’abonne pas. Tu restes dans mon cœur. Je m’élance à partir de toi, je pars pour mener plus loin ce que tu m’as permis de mettre en place dans mon existence, de l’ordre à la fois du devoir d’être que je me choisis et du bien-être que tu as su me donner. Merci de m’avoir donné tout cela, en splendeur. » J’étais vraiment bien, après ! 

Quand la gestionnaire de l’agence Foncia a visité l’appartement en vue de sa location à prix modeste en l’état, meublé et très beau, j’ai encore suivi l’enfant en moi qui m’invitait à poursuivre. Je suis allée de pièce en pièce et j’ai encore parlé à cet appartement : « Tu as entendu ? Tu vas continuer à servir, tu vas continuer à œuvrer, tu vas continuer à aider, sans le lui faire sentir, quelqu’un ! Tu as entendu ? Magnifique ! » J’étais vraiment bien, après ! 

L’enfant avait raison. Non seulement cela m’a réconfortée sur le moment même, mais cela me réconforte dans la durée. Pourquoi ? Pour des raisons que je pressens et d’autres que je connais et d’autres encore que je ne connais pas. 

Je suppose qu’en parlant à l’appartement je me suis parlé à moi-même de façon distanciée. Je sais que dire cela à l’appartement, c’était pour moi être juste à son égard : faire acte de justice et de justesse. C’était aussi être fidèle à ma décision, maintenant ancienne mais toujours valide, de prendre le « parti pris des choses », selon les mots de Francis Ponge, parce qu’elles ne peuvent pas se défendre, sont livrées. C’était me respecter en faisant acte d’élégance. A cela s’ajoutent toutes les raisons mystérieuses, à moi-même scellées encore …   

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