28/08/2021
Chaque jour, ou du moins chaque semaine, ma relation à mon corps est à ajuster parce qu’il change beaucoup, en ma soixantaine, du point de vue esthétique.
Mon objectif n’est ni de conserver la beauté de la jeunesse, ni de me satisfaire de la seule beauté intérieure. Que veux-je alors, au juste, en ma vie de femme en ce siècle et en fidélité aux mystères de la création, quant à ma beauté ?
Je veux savoir me situer avec bonheur dans une société qu'on dit du jeunisme et que je ne méprise pas. Je veux savoir me situer par rapport aux générations qui montent sans complexe d'infériorité parce que je n'ai plus leur fraîcheur et sans devenir jalouse et méchante. Si cela advenait, je deviendrais vraiment moche moche moche ! Mais je ne veux pas non plus me résigner à stoïquement « faire avec » mon vieillissement.
Je voudrais que, me voyant, Dieu, s'il existe, n'ait pas à avoir se dire : « Non !!! Je n'ai pas créé cela ! » Je veux ne pas faire peur aux jeunes et souhaite même que mon physique les rassure, les aide à, eux-mêmes, un jour envisager en splendeur de déposer ce qui fut. Idiot ?
Je ne veux pas me faire horreur à moi-même. Je veux pouvoir cohabiter avec moi avec plaisir, en aimant le temps. Oui, je veux avoir - peut-être plus que jamais, parce que plus librement - et garder plaisir en mon corps, en mon temps, en mon corps dans le temps, avec respect pour eux. Fou ?
Cela veut dire non seulement supporter de vivre avec moi-même, de me voir dans la glace, et de me voir en nu intégral devant ce miroir, mais continuer, âgée, à aimer vivre avec moi–même et à aimer me voir dans la glace ! Délirant ?