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14/03/2021

Quand la douleur récurrente se signalera, je voudrais savoir lui dire : « Tiens, tu es de retour ! Bien sûr, tu as pu venir : tu connais le chemin et  tu as trouvé la clef sur la porte ! Ben…, prends place, mais pas toute la place ! Occupe-toi toute seule parce que j'ai autre chose à faire. Tu vis ta vie, et moi aussi. Tu peux repartir librement quand tu veux, inutile de me prévenir. »

Je ne chasserai pas la douleur, ne la refoulerai pas, ne serai pas méchante avec elle. Mais la parole à elle adressée s'arrêtera là, parce que je ne veux pas vivre par la douleur, entrer en complicité, voire en addiction, celle du « Je souffre donc je suis ». 

Avant de laisser la douleur s'occuper seule chez moi, je l'écouterai comme je l'ai toujours fait, aussi longtemps qu'elle parlera : elle a à me dire quelque chose, évidemment, toujours ; elle m'indique où j'en suis. A ce titre, elle est précieuse, venue à mon service.

« Je l'écouterai comme je l'ai toujours fait ? » Non, je l’écouterai autrement, mieux, grâce au dialogue avec mon généraliste. Il m'apprend à mieux lire la parole du corps, confirme mon intuition – à savoir : pour avoir un corps sain, je n'ai pas besoin qu'il soit sans douleur, juste bien entretenu -, me prépare à envisager une douleur chronique un jour possible, m'apprivoise au vieillissement qui fait peur. 

Bien sûr que je fais et ferai avec mon corps ce que je fais avec ma petite smart achetée d'occasion. Si je ne réparais pas aussitôt, dans la mesure où c'est possible, les petites choses abîmées, ce ne serait plus une smart. J'aurais vite une épave. Je veille à l'entretien immédiat, sans rien d'obsessionnel. 

Mais ma smart garde ses grandes balafres faites à la clef sur les côtés dès le lendemain de son achat. Inutile de réparer, le véhicule serait tout de suite à nouveau vandalisé ! Après tout, ces cicatrices ne sont pas laides. Il y a là juste des traits de plus, des marques désormais siennes, liées à sa vie fière de voiture qui dort dehors.

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