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18/11/2019

« Je ne veux pas être dépendante » me disait une femme de ma génération, seule, de caractère farouche, très beau.

Dans les années à venir jusque dans le grand âge, elle entendait vivre chez elle, dans une maison loin du centre ville, ceci à la fois par amour pour ce lieu de grande luminosité et par volonté d’autonomie, avoir à faire face par soi-même protégeant les facultés physiques et intellectuelles.

Mais cela voudra dire tôt ou tard, en un temps où l’esprit est encore vif, parce qu’à un moment ou l’autre marcher devient difficile et conduire n’est plus possible, qu’il n’y aura plus de cinéma, plus de conférences, pas d’expresso au café où les jeunes serveurs et serveuses vous accueillent avec le sourire, plus de halte délicieuse dans une belle église. C’est la garantie d’une immense solitude, peu propice au maintien intellectuel.

Faire face par soi-même est effectivement prophylactique. Je tiens, moi aussi, à vivre dans une autonomie maximale aussi longtemps que possible. C’est justement pour cela que je fais le projet inverse : habiter au coeur de la ville, tout près d’un arrêt non de bus mais de tram, dans une pièce, sous le regard de la société pour être soutenue le cas échéant.

Quant à l’indépendance, je voudrais la vivre autrement que ce l’on envisage en général : j’espère et même ambitionne de rester indépendante dans la dépendance même. La vraie liberté, c’est bien cela, nous en convenions toutes les deux, mon amie et moi : l’indépendance dans la dépendance même.

Les uns y parviennent tout de suite, improvisant. Je pense avoir à apprendre. Participe de cet exercice le fait de vivre dans le présent toutes les possibilités dont je dispose en ce présent, possibilités auxquelles j’aurai un jour à renoncer, mais que je veux alors déposer dans un : « Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne » souverain.

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