23/10/2019
Un ami de dix ans mon aîné me disait : « Les vieux -il parlait de nous-, il faut qu'ils aient un doudou, pour qu'ils n'embêtent pas les jeunes. » Cela me paraît fort juste.
J'ai réfléchi : « Ai-je un doudou ? » Heureusement, oui, j'ai ! C'est la contemplation de ciels ou l'écoute les yeux clos des bruits de la vie et la formulation en moi de vœux de bonheurs pour chacun en la prière douce. De nuit, de jour, le matin, à midi, le soir, j'aime !
Médecins, sociologues et économistes préconisent, d'autant plus que la longévité augmente, ce qui accroît le prix de revient des retraites pour la société, que chacun, au moment de déposer sa vie professionnelle, se trouve une contribution personnelle à la vie du pays. Pour moi, qui viens de lancer un auto-entrepreneuriat, ce devrait être cela. Je suis ravie !
Mais je sais bien que le faire ne résout rien si l'être n'est pas en paix. Or il me semble avoir aussi progressé dans ce domaine.
En effet, j'ai vécu de quarante à soixante ans sans bien savoir me situer face à la perspective, un jour, de ne plus pouvoir « gagner » mon pain. Aujourd'hui encore, j'exclus de vivre aux crochets de la société. J'aime que dans les monastères chacun ait une tâche définie et que cela soit maintenu même pour le moine vieux vieux vieux, tout lent, au corps ployé par l'âge. Il a un travail, certes en proportion de ses forces déclinantes, mais important quand même, voire essentiel, par exemple, veiller à l'alimentation en huile de la lampe perpétuelle du tabernacle. J'ai vu cela, qui a grande allure ! Je veux cela. Mais que faire quand on est hors structure de ce type ?
J'ai trouvé, je crois. La prière douce agit plus que je ne le pense, vraisemblablement. Je sais qu'elle agit sur moi, mais il n'est pas impossible qu'elle agisse aussi sur le monde. Je ne pense pas, disant cela, à quelque communication des énergies. Je crois simplement que tout est en contact de tout, toujours, et donc se propage. Ainsi, je ne voudrais pas avoir Mein Kampf chez moi, même ne le lisant pas, ne l'ouvrant pas. Je suppose que par son seul être-là ce livre aurait un effet sur mon appartement et sur moi. Inversement, tout bon livre, même non lu, sans doute agit. Penser le bien des autres a certainement un effet sur le monde. Donc, en retrait/e, je puis être de la sorte créatrice.
