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17/10/2019

Je m’appelle Frank, donc ″celle qui est libre″.

Oui, « Liberté, liberté chérie ! ». J’aime le Loup de La Fontaine, moi qui suis ″chatte haret″ : « ″Vous ne courez donc pas où vous voulez ? (…) Il importe si bien que de tous vos repas je ne veux en aucune sorte et ne voudrais pas même à ce prix un trésor!″ Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor. »

J’écoute et fais mien le « Va-t-en pour toi » abrahamique. Je veux le vivre à la façon des Mages. Ils ne cèdent en rien, quoi qu’il arrive, sur leur désir. Ceci les faits toujours rois, ceci les faits toujours beaux, ceci les fait toujours nobles, qu’ils soient riches ou pauvres, jeunes ou vieux, reconnus ou méprisés, coupables ou innocents.

L’enseignement du Christ me confère une autonomie délicieuse qui terrorise mon entourage et le réjouit.

« Liberté, liberté chérie ! ». J’aime mon présent, le choisis et le chéris minute après minute. Ayant tout largué, je n’ai plus d’intendance à gérer, ni au sens propre, ni au sens figuré. Je ne fais que ce que je veux. Je le fais par bon plaisir, souverain, heureux, aimant le très difficile, optant pour la sortie systématique hors de ma zone de confort.

« Liberté, liberté chérie ! ». Entrée en l’âge, je puis dire plus que jamais ce que je pense, à temps et à contre temps, partout et à tout le monde : à mes supérieurs, ma joie de travailler avec eux ; aux hommes, leur beauté ; aux jeunes, qu'ils m'émeuvent ; au prochain, connu ou inconnu, qu'il compte pour moi. Personne ne s’y trompe, personne ne confond avec ni avec de la flatterie, ni avec de la drague.

Les années, et plus encore le travail conscient que j’ai fait sur moi tout au long de ces années dès l’enfance, m’offrent le privilège d’un « pas obligée » toujours plus radical : je ne suis pas obligée d'être méchante avec les autres, pas obligée d'être méchante avec moi-même, pas obligée d'accepter qu'on soit méchante avec moi. Je ne suis donc pas obligée de me gâcher cet instant, cette journée, ma vie.

″Vieille″, je puis être un peu fofolle : un changement au moins par semaine, mais, mieux, par jour ; des tenues très personnelles ; à ma fenêtre un minou en bois pour l'enchantement des enfants et... des adultes ; des histoires lues en mamie chez moi, porte ouverte, aux enfants et aux adultes qui le veulent ; la solitude aussi, la grande solitude, âpre, et très noble.

« Liberté, liberté chérie ! ». Puisse cette liberté n’être jamais d’excentricité revêche, d’amertume donneuse de leçon, de provocation méchante ou de rejet destructeur. Puisse cette liberté, ma liberté, être toujours pour la fidélité inventive à soi, au monde, aux amours et, en tout cela, à la Vie.

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