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10/02/2025

Vieille, quel rapport au monde puis-je et veux-je avoir ? 

Je tiens à peser le moins possible et pour cela travaille le plus possible, concrètement, à préserver mon autonomie : maison de retraite, inscription – déjà - en Ehpad, sport, activités intellectuelles, prévention de la dépression, apprentissage d'une solitude de plus en plus grande. Rien à voir avec le « Je peux encore », c'est toujours «  Maintenant, m'est donnée la chance de vivre ceci à fond. »

Je veux tant que je le puis, mais sans rien de sacrificiel et sans concession à la culpabilité parce que je ne suis plus en vie professionnelle, donner une contribution au monde, la mienne, selon mon être propre, par le service, modeste mais effective. Il me revient en cela de vérifier régulièrement que je ne suis pas la mouche du coche. 

Pour le moment, les gens croient que j'ai 58 ans et je puis faire beaucoup, bien accueillie. Quand je ne pourrai plus agir, je voudrais être encouragement pour ceux qui sont dans la force de l'âge quant à leur propre vieillissement, ceci par ma façon d'être, femme vieille physiquement agréable et peut-être même belle, en grande noblesse très humble, ne se plaignant pas, ne déplorant pas, souriante, reconnaissant les plus jeunes en leurs efforts et leurs espoirs, ne parlant d'elle-même qu'avec humour, en grande authenticité, voire humilité, et seulement pour faire signe vers ce qui la dépasse et peut servir à autrui. 

 Quand j'aurai perdu l'esprit, "ce qui n'adviendra" pas essentiellement puisque je l'ai d'ores et déjà déposé dans les mains de la vie, donc quand je n'aurai plus aucune maîtrise sur moi-même, je voudrais rester fendeuse de matrice, comme ces aînés que j'ai vus mourir, parfois longuement, en beauté, lors même qu'ils étaient défigurés.