30/12/2024
Des amis sont là d'une façon ou d'une autre, et c'est hautement précieux pour la force, la douceur, le respect, l'émerveillement qui stimulent, allègent aussi le quotidien. Mais beaucoup d'amis aussi ont disparu.
Ils sont morts, ou maintenant âgés et vraiment dans le repli du handicap, éventuellement de la déprime, voire de la dépression. D'autres ont pris la fuite chez maman âgée et sont là-bas happés. D'autres encore restent recroquevillés sur eux-mêmes depuis le covid ( je persiste à dire « le » covid) et ne peuvent en sortir. Presque tous ceux qui ont de tout jeunes petits enfants sont dans le service de grand parents jusqu'au burn out au point de devenir indifférents au non-familial. Certains ne veulent plus me voir, soit explicitement mais sans en dire la raison, soit tacitement mais en ayant posé, avant, des gestes qui parlaient et que j'avais compris.
Je pense que chacun, ainsi, fait comme il le peut pour vivre ou survivre. Pas question de jeter la pierre. Il me revient de plutôt repérer et révérer où réside le beau courage de chacun. Mais je n'attends plus, parce que cela me détruirait, ne relance plus, parce que ce serait harceler. Pour être allée jusqu'où je le pouvais, je ne me sens plus responsable de l'exercice de la relation dans laquelle je me retrouve seule. Déstabilisant ? Oui. Douloureux ? Très. J'apprendrai !
Je comprends - grâce à un propos de l'artiste peintre Louise Fritsch qui me disait en hiver travailler en fonction de la lumière de 9h30 à 16h tellement investie dans l’œuvre en cours qu'elle en oublie de déjeuner - que j'ai à me lancer dans des passions telles que j'en vienne à oublier l'esseulement redoutable en lequel on n'a plus ni goût ni énergie pour quoi que ce soit.
L'expérience m'a appris qu'il me revient, dans l'esseulement, de me mettre assise au sol en indien devant les grands ciels et de demeurer là obstinément immobile une demi-heure, une heure, deux heures, alors même que je n'en ai pas envie et n'en vois pas le sens. Si c'est l'angoisse qui me harcèle, au lieu de l'assise en indien, c'est au sport qu'il me faut immédiatement me mettre, alors même que c'est au-dessus de mes forces, ou plutôt justement parce que c'est au-dessus de mes forces.