26/12/2024
Je me sens au juste lieu pour moi, dans le Lieu, nom de Dieu pour les juifs (Macom), oserai-je dire.
Il me permet, de par sa structure puisque c'est en résidence senior, de paradoxalement protéger ma liberté dans l'âge. Il me place là où, de par nom d'Eve, j'ai à être, en ces enfers que Christ vient visiter y inscrivant le ciel bleu, selon les icônes de l'anasthasis.
Il y a quinze jours encore, j'ai entendu pendant un mois un autre résident hurler toutes les nuits une heure durant, à 22 h ou 3 h ou 6 h du matin : « Je ne veux plus vivre cette vie. Je veux mourir. » Cela m'émeut. Ce matin tôt, une voisine charmante, qu'un Alzheimer fait toute tremblante, est venue frapper à ma porte pour me demander si l'on était le jour ou la nuit. J'aime ce lieu, cour des miracles, sans aucun bling-bling, où l'on se sait bien de passage en ce monde, jamais propriétaire, toujours ponctuellement locataire.
Le fait de m'être, avec mes talons aiguille et en pantalon de cuir, déjà inscrite en Ehpad pour le moment où ce sera nécessaire, inscrite concrètement et toujours avec un projet personnel de vie, le même et autre parce que lié à des conditions autres, a mis en moi une joie paisible ou une paix joyeuse.
Ceci dit, entre, en la résidence senior actuelle, mon studio très doux, d'une sobriété luxueuse, tout de confort et de rigueur, tabernacle, et la chambre future en Ehpad qui sera à faire intelligemment paradis, je n'exclus pas de déménager encore vers un autre studio, par exemple dans la résidence actuellement mienne mais plus haut, déconcertant une fois de plus, m'amenant à plus de radicalité dans le détachement, plus de liberté donc, me proposant le vécu d'une aventure différente, elle aussi joyeuse.
Car je ne déménage pas parce que je ne suis plus bien en un lieu, je déménage pour du neuf dans ma vie, encore jamais vécu, suggéré par l'ordre de marche de la colonne de feu et de nuées qui me laisse libre de choisir en même temps qu'elle semble bousculer.