bg

22/03/2022

Mon réveil fut difficile, ce qui est souvent le cas pour moi, mais en ce jour, sans raison aucune, tout particulièrement. J’ai donc avancé prudemment, prenant quelques mesures de circonstance.

Première mesure : ne pas gâcher ce jour. Pour cela, me lever à l’heure prévue et d’un seul élan malgré tout, en me greffant sur la résilience christique au matin de Pâques. Puis, aussitôt, me donner les soins du corps et me faire belle, parfumée ; soigner mon petit appartement ; prendre une boisson chaude dans la lumière douce. Deuxième mesure : vite sentir jusqu’où je puis et ne puis pas aller dans ma relation avec moi-même en ce début de journée et en ce moment précis. Je voulais m’asseoir en indien au sol et prier mais pressens que je ne tiendrai pas. Certes je me sens bien dans ma peau, et cette seconde peau que sont mes habits, et cette troisième peau qu’est mon appartement. Mais je sens de façon sûre que je ne tiendrai pas. Je ne force donc pas : je me drape simplement du signe de croix devant l’icône du Christ au regard bon venant dans les enfers y inviter Eve à remonter comme la petite sirène en dansant, et je file. Troisième mesure : me donner un cap. Il est sept heures. Le café Brandt ! Parking de 7 à 9h gratuit !!!! Pour moi qui veille à ne pas dépenser plus de 5 euros par jour actuellement, important ! Quatrième mesure : sourire, sourire, sourire encore, corps droit et souple, périnée tonique et ventre rentré. La respiration n’est pas au point, mais ça viendra ! Voilà ! Je suis dans la Neustadt au café avec ses ors discrets sur fond blanc, ses fauteuils de velours. De ma place, j’ai vue sur le magnolia en fleurs que je rejoins tous les ans à cette époque. Quelques hommes silencieux, stylés, sont déjà enfoncés dans leur lecture. Je me sens bien auprès d’eux dans la distance. Par chance, le jazz est du Camille Bertault que j’aime beaucoup. Expresso, immédiatement réglé pour pouvoir partir n’importe quand d’une seule impulsion, petit chocolat noir. Je me pose, mon souffle s’ouvre, mon regard sur la vie se fait plus accueillant. Voilà ! J’ai repris contact avec moi, avec ma vie et ce que je veux en faire, avec les autres. J’ai bien en main le fil de mon existence, retrouvé où il en était. Je peux poursuivre, et inventer bien en cohérence avec moi-même et en réceptivité avec les autres laissés cependant tranquilles, non contaminés par mon mal-être premier qui s’est dissout. La journée est ouverte et pourra donner sa beauté, quoi qu’il arrive. Ce n’était pas gagné au réveil. De la belle ouvrage....

fleur2