bg

16/08/2022

Je raconte tout ceci en résidence senior à deux femmes que je rencontre dans le cadre de mes lectures publiques. Agées de 91 et 92 ans, ces femmes sont délicieuses d’intelligence et de sagesse, de force de caractère et d’humour. 

Elles m’écoutent jusqu’au bout, je parle jusqu’au bout. Pour elles, c’est farfelu mais elles respectent. Moi, je sais que c’est dérisoire mais j’accorde de l’importance à ce qui se joue dans mon combat et dans le fait d’oser en parler tout simplement. 

Je mesure la qualité de cet instant, fait de beau respect de part et d’autre, dans beaucoup d’humour. Je regarde avec plaisir les visages attentifs et amusés de ces deux aînées. 

Quand j’ai fini de raconter, un silence s’installe, que nous laissons être. La plus ancienne me regarde bien de face, les yeux plissés d’un sourire qui en dit long. Elle risque, savoureux : « Vous avez des combats que nous n’avons plus depuis longtemps… » L’autre dame coule un regard de biais vers elle, sérieux et pas sérieux, ironique à mon égard et à leur égard : « Ou que nous n’avons jamais eus ! » 

J’aime ! J’éclate de rire. 

Si c’est pour aboutir à cela, mon combat dérisoire vaut vraiment la peine ! 

fleur2