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28/04/2022

J’ai appris à ne plus avoir peur de la beauté. Je sais qu’elle est toujours bonne. « Kaloskagatos, » disaient les Grecs dans l’Antiquité. Si la beauté est un piège tendu sur le chemin, elle n’y est pour rien. C’est que le mal l’a prise en otage et l’instrumentalise. 

J’ai la chance d’estimer la beauté plus qu’importante, plus qu’utile : essentielle. Que serait un monde sans rose ? Qui pourrait y survivre ? Je sais que le soin de sa beauté, au masculin ou au féminin, relève du sérieux. Les attentifs voient bien, au quotidien, que la beauté n’est accessible que si le regard va loin et profond pour la rejoindre, parfois jusque dans l’horreur où elle déstabilise tout en affermissant. 

J’ai compris qu’on ne maîtrise pas la beauté. Elle ne se laisse pas prendre par les dogmes et les idéologies, ne se laisse pas figer dans une idée. Pas facile. Ne peuvent l’approcher que ceux qui l’écoutent au lieu de la diriger, l’épousent au lieu de la soumettre, se mettent au travail sur soi au lieu de se mettre au travail sur elle. C’est fatiguant. Prendre son café dans de la vaisselle raffinée - et l’on sait combien le café a magnifiquement développé les arts de la table, parfois avec humour - nécessite ensuite de laver la tasse, me fit un jour remarquer une adolescente qui s’y refusait. 

J’ai choisi, par ambition spirituelle, de ne pas en rester au souci de la seule beauté intérieure, ce qui serait une excuse pour m’épargner le travail de la vraie beauté, à la fois extérieure et intérieure, l’une disant fidèlement l’autre. J’ai décidé de ne pas faillir à cela, en dépit de ce que nous pressentons tous et que les sociologues confirment : ceux qui sont beaux sont admirés, sont choisis, certes ; en même temps, ils sont détestés et rejetés, un temps du moins, je crois …, un temps seulement… 

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