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05/04/2022

Est-ce parce que nous en sommes au premier jour du Ramadan, voici que je repense, croisé dernièrement dans la rue, au vieux chibani - C’est un pléonasme que de dire cela, mais c’était vraiment un « vieuchibani » ! – qui m’interpella : « Madame ! Madame ! ». Je me retournai, revint sur mes pas et l’écoutai, voix, intonation, regard.

« Madame, je veux vous dire : vous êtes belle et ça me fait quelque chose. Je ne le dis pas pour draguer. Allah a fait la beauté. Allah et vous … »

Il était lui-même fort beau, cet ancien, avec sa toque noire sur des cheveux courts frisés blancs, avec ses traits ravinés, ses yeux de feu et pourtant pleins de bonté. Il parla, parla, parla encore, de sa foi, de son pays d’origine, du thé à la menthe et de plats ensoleillés.

Le vieux chibani m’a émue. J’ai aimé qu’il fût superbe en son âge. J’ai aimé sa dignité toute simple, la droiture de sa pensée et sa liberté de comportement. J’ai été touchée par sa confiance en ma beauté, qui était pourtant si difficile d’accès pour lui, parce que je suis du nord, cheveux courts et coupe masculine. 

La vie, en et par ce vieux chibani m’a appelée : je veux, dans le temps ouvert de mon entrée en retraite, rencontrer des immigrés en leur grand âge isolés pour qu’ils puissent me parler « du pays » !

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