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29/06/2023

Tout au long de mes journées passionnantes, me viennent à l’esprit le nom et dans le cœur le visage des nombreux détenus rencontrés seul à seule depuis maintenant un an er demi  dans le cadre de mes cours et visites en  Maison d’arrêt. 

C’est un frémissement en moi. Tout est encore bien là de la relation unique avec chacun, restitué par flashes : respect, tendresse pudique teintée d’amusement à mon égard, quelque chose de protecteur par de-là les mises à l’épreuve du début pour me tester, suggestions précieuses quant à mon nouveau quotidien à la retraite, le regard sombre soudain lumineux, une beauté resplendissante à un moment ou un autre dans l’entretien, nos éclats de rire en dépit de tout.

Quand cela revient, il n’y a aucune nostalgie en moi, mais de la reconnaissance. Cet élan, je le connais, il ne me déstabilise pas. 

Ce qui est neuf, à apprendre, est une autre émotion. Monte en moi une peur que je ne me connaissais pas, moi, si angoissée de nature. J’ai peur pour eux. Dans ma solidarité avec eux, c’est un ressenti très fort ! 

Jaillit alors cette prière, qui vraisemblablement me protège de l’affectif, dangereux : « Mon Dieu, sois avec lui, sois avec eux, garde-les, envoie-leur tes anges, protège-les de toutes les tentations en notre monde ! » 

Je ne savais que penser de cette prière. Alors, je ne l’ai pas pensée  mais laissé simplement être et aller vers qui j’appelle là sans trop savoir s’il existe. Avec du recul, il me semble évident que dans cette prière encore, je suis priée par la vie qui me donne un garde-fou, que j’estime, de façon tout à fait réaliste, utile et qui s’avère efficient.

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