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23/09/2022

Il est un lieu pour ma prière en solitude que j’aime tout particulièrement, à Strasbourg. C’est l’« espace de silence » d’une de ses cliniques. L’épidémie de covid me l’avait rendu pendant deux ans inaccessible.

Même si cela reste compliqué, toujours pour raisons sanitaires, je puis y revenir actuellement, en après-midi. C’est ce que j’ai fait aujourd’hui, reconnaissante. 

L’insertion de cet espace de silence en structure médicale met à ma disposition propreté et confort liés aux impératifs de santé, avec, fort agréable, une cafétéria sympathique aux prix modérés, dans laquelle puis rester longuement sans déranger. J’aime écrire là.

Dans l’espace de prière, il fait bon chaud. C’est du contemporain, clair, spacieux, d’esthétique sûre. S’il est de style minimaliste, c’est pour que tout un chacun puisse le vivre, quelle que soit sa sensibilité spirituelle. Comme j’ai un besoin vital de dépouillement, c’est chance pour moi. La porte reste ouverte. Cela ne nuit pas au silence, l’architecture étant conçue pour cela. 

Je regarde inlassablement, seule ″décoration″ en cet espace, le passage biblique retranscrit en caractères romains sur le mur fait parchemin. C’est d’un effet qui vous réconcilie avec les techniques modernes. 

Il s’agit de la question que la Vie me pose, à moi comme au prophète en son épuisement - 1 Rois 19 -, non pour me bousculer mais m’aider à bien demeurer centrée en moi-même, à trouver les forces en moi et plus encore mon contact avec l’élan portant et décuplant ces forces, ceci pour pouvoir tenir dans les tremblements de terre, les coulées de feu, et les vents violents, le fin silence aussi, beau mais très inconfortable, de mon existence, de notre existence à tous : « Pourquoi es-tu ici ? »

Le moment en ce lieu est précieux. La calviniste en moi respire en sa sobriété. La catholique en moi se laisse gagner par la prière imprégnant les murs, prière liturgique et prière solitaire, prière des croyants et des incroyants, prière des ″habitués″ et des ″amateurs″, une prière qui est nôtre à tous, où que nous en soyons. Le texte ne me bouscule pas mais me dis :« Vas ! Reprends la route ! » et je vais.   

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