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20/06/2023

Je maintiens à jamais, toujours, d’une façon ou d’une autre apprise en Christ, la relation advenue. Je le fais même si elle fut ponctuelle, même si elle n’eut que quelques secondes.

Je le fais, qu’elle fut belle ou non. J’y tiens. C’est l’une des raisons pour laquelle j’aime l’enseignement  du Nouveau Testament. Je ne me laisse et ne me laisserai cependant jamais ni annexer, ni humilier, ni couler. 

 

Bien souvent, quand il annexe, humilie,  entraîne dans sa propre perte, l’autre ne se rend pas compte qu’il le fait. Il me revient à moi de mettre en place ce qu’il faut pour ne pas être détruite. Avec un instinct animal - mon instinct de chatte haret -, à chaque fois confirmé par l’analyse rationnelle, grâce au long et lourd travail psychanalytique ancien, à l’expérience d’une vie aussi, j’ai  la chance de percevoir aussitôt la nécessité de réagir. Généralement, cela ne plaît pas, d’autant plus que je suis - c’est ici vital ! - sans concession aucune. 

 

On me croit alors emportée,  brutale, violente même. Je ne suis pas en colère, je suis indignée, indignée parce qu’en moi c’est tout homme, toute femme qu’on atteint et que, si je ne réagis pas, je laisse lâchement atteindre. Quand bien même je serais en colère, je protègerais l’autre de ma colère en son sein. 

Véhémente, je le suis par passion, idéal, et vitalité, tonus,  oui, mais aussi pour l’efficacité : l’autre a les crocs contre ma jugulaire, il s’agit d’être réactive ! Et puis, j’estime que l’on a le droit de dire, quand l’autre appuie là où ça fait mal : «Aïe ! ».

 

Dans la Bible (Gn 4), je ne suis - et j’aime cela ! - descendante ni  d’Abel, la victime, ni de Caïn, le bourreau, mais de Seth, le troisième enfant, si rarement évoqué que beaucoup ignorent son existence dans le mythe. Me voici donc invitée à chercher, inventer, une troisième voie, quand la relation se fait dangereuse. 

 

Si je laisse l’autre continuer ce qu’il dessine en pointillés, je rentre dans  le statut de victime et fais, moi, l’autre bourreau. Le/s mécanisme/s enclenché/s, non bloqué/s aussitôt, vont - cela s’appelle « le tragique » - implacablement tout laminer.  Le judo, là, dit comment se défendre et défendre l’autre en même temps. 

 

Pas question de se laisser renverser, encore moins balayer ; j’envoie au tapis. Mais  quelle honte si l’autre se fracassait ou s’il était humilié. La troisième voie est là.   

 

Après coup, parce que je n’ai pas endossé le statut de victime, l’autre peut d’autant mieux s’aimer. La  Bible appelle cela être « une aide contre l’autre » Gn 2, 18, l’aide étant la capacité, ici, de dire « non », pas pour nuire à l’autre mais pour construire la relation et aider l’autre à garder le cap de son humanité, en le gardant soi-même. 

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