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17/05/2023

J’ai, grâce à mon célibat et à ma retraite en son premier temps qui durera peut-être quelques années, une existence  fabuleuse, en laquelle c’est tous les jours l’impensé par moi et l’impensable pour moi. 

Oui, moi, figure féminine fragile, être enfermée seule avec des détenus menottés en isolement depuis 14 ans et plus, vivant un dialogue fraternel avec chacun d’eux, enseignée par eux ? Moi, petite vieille que je suis, être en internat fermé au milieu d’adolescentes complètement évaporées, shootées, dans une curieuse odeur que je ne  connais pas pour n’avoir jamais de toute jeunesse fréquenté les milieux underground, avec tendresse adoptée par elles qui se fichent éperdument de moi et me révèrent ? Moi, dite fragile, aux cotés de personnes en délire ou fin de vie, recrutée comme bénévole par l’Ehpad ? 

Il y a tout cela, avec formations  offertes de grande qualité, chaque matin la liberté du soin de soi, le soir la prière commune en milieu franciscain ou protestant, les partages intellectuels forts tout au long de la semaine permis par des pairs dont ma sœur et un pasteur calviniste, les amitiés passionnantes, masculines et féminines, le sport, les temps culturels et spirituels à mon gré, très nombreux et très variés. C’est fabuleux ! 

Et il y a la chance de disposer d’un studio, vraiment pour l’ardeur selon l’étymologie de ce mot,  lieu de solitude heureuse au 8e ciel, sanctuaire tout de beauté. Il est confort et réconfort et force, possibilité de tout recueillir puis de tout confier dans les nuages pourpres et  noirs, de tout lancer en la nuit et de le recevoir à nouveau, en boomerang, autre mais identique,  prié par Dieu s’il existe. 

Privilège de célibataire, out, has been, tombée en obsolescence…. 

fleur2