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09/09/2022

Quand l’autre me parle, en vérité, me donnant le pain de la parole, je « prends » et prends de bon cœur. Dans la relation à l’autre, c’est de ma part, évidemment, un signe de respect à son égard puisque je lui reconnais une parole de vie.

C’est même un honneur, car ce faisant, je donne autorité. Nous n’avons jamais autorité par nous-mêmes, celle-ci est toujours accordée par et reçue de qui en bénéficie ! Je ne laisse donc pas n’importe quelle parole et n’importe qui avoir autorité dans ma vie. Enfin, « prendre ce qu’il dit », c’est un cadeau à l’autre parce que je le laisse me construire donc exercer sa puissance en mon existence. Cependant, si c’est élection et grâce à l’égard d’autrui, c’est aussi, tout simplement, justesse et justice : le don que l’autre me fait, tout de bénédiction qui me lance dans la vie, doit être honoré. « Prendre » ne va pas de soi. Rien de rapace. C’est un acte de courage, parce que l’on se risque à recevoir, ce qui vous fait redevable. Puis, comme recevoir vous ouvre, prendre vous rend vulnérable. Prendre exige une grande confiance en la santé psychique et spirituelle de l’autre, jusqu’en délire éventuellement. Enfin, prendre la parole authentique que l’autre donne en toute bienveillance est intelligent. Dire : « Je prends » engage. Cela veut dire que je fais mien sérieusement et vais incarner cette parole, la faire sang et nerf et chair, ce qui ne sera pas sans impact sur mon devenir. Ce n’est aucunement rapace. C’est, certes, souverain, mais  dans l’humilité qui accepte de recevoir et de se recevoir de l’autre. Prendre est puissant.

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