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Evelyne Frank

05/05/2020

Que chacun est différent, tout en participant de la commune humanité ! D'aucuns me disent : « Les marques d'affection me font nager dans un océan de bonheur ! » Moi, quand on me dit l'affection, j'ai très mal. C'est physique. Le souffle se fait court et le cœur se fissure. Les autres parlent des cadeaux qu'ils ont reçus avec un visage ravi. Tout cadeau me fait courir le risque de destruction de ma personne. Qu'il puisse m'être fait un cadeau, même tout petit, est de ce fait pour moi terreur. On me confie : « Dans le confinement vécu en solitude, la pensée que des êtres au loin m'aimaient m'a aidée. » Cela m’émerveille mais chez moi n'opère pas. Je vois les uns et les autres se réunir avec empressement. Mais si, pour moi, être seule est difficile, être avec un groupe en fête est encore bien plus dur. C’est de l’ordre de l’épreuve, parce que la relation en profondeur, de cœur à cœur, de visage à visage, d’âme à âme, bien qu’elle puisse être là, soutenant tout, ne s’exprime pas. La merveille, c'est que les autres, interloqués, m'accueillent ainsi, généralement, avec patience, bienveillance, respect de mon mystère. Je pressens qu'ils le peuvent à partir de leur propre mystère. Si ma vie n'est pas soulevée comme celle de beaucoup d'autres, elle n'en est pas moins portée. Elle a d'autres piliers. Alors mon existence est une autre architecture. C’est aussi une maison, très belle aussi, et pour moi et … pour les autres, qui, la reconnaissent, de fait, comme tabernacle. Que c'est doux, cette perception de ma chance différente mais égale à celle des autres ! Que c’est énigmatique, l’être de chacun ! Que c’est impressionnant, la solidarité aimante jusque dans le déconcertant... Merci ! 

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