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15/06/2023

Alors que je suis, selon une expression courante, « du soir », je me lève tôt : 4H, 4H 30, 5H. Pourquoi ? C’est curieux, surtout quand on est à la retraite, que rien, donc,  n’y oblige. 

Je le fais pour une raison très personnelle, ridicule et, en même temps, un peu terrible. Il se trouve que l’acte même de se lever, pour moi, est très, voire trop, difficile, quelle que soit la journée devant moi, et relève de l’héroïsme. Si je me lève à une heure « normale », l’écoeurement est trop fort. Si je me lève de façon anticipée, j’ai la consolation du « miracle morning ». 

Je me booste en me levant très tôt. En d’autres termes, je me lève tôt parce qu’après je n’aurai plus le courage de le faire. 

En chaque réveil, dans une sorte de sursaut de l’âme, je choisis explicitement devant le grand ciel de me greffer sur le mouvement christique de résurrection puis me réjouis, acte, bien conscient, de volonté, pour, quelques heures plus tard, en relation avec ma prière du Notre Père, un pain délicieux et du café noir. 

Je prends ce pain en quantité frugale, généralement tout seul, mais, s’il peine trop, relevé d’origan, ou, s’il est de seigle, accompagné de noix. Il est soleil, sur mon plateau, devant moi, pour moi.

Je le marque d’un signe de croix amoureux et l’absorbe avec un tendre respect, attentif à ses formes, sa consistance, ses couleurs, son bruit, son odeur, ses nuances de saveur. Elles lui sont propres, à lui, toujours singulier, toujours unique. Humble ou puissant, fruit de la terre et du travail des hommes, au service en douceur, mon pain  est toujours d’égale noblesse. Je puis me recevoir de lui.

Il doit me faire tenir tout le long du jour. Il le fait, généreusement. 

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